Conférenciers invités > Arnaud Gouelle
Marcher, c’est avant tout se rendre d’un point à un autre, sans chuter et, si possible, de manière efficiente. De fait, de nombreux tests, questionnaires ou classifications ont été proposés au fil du temps comme moyens d’évaluation des capacités fonctionnelles et du risque de chute, pour la plupart centrés sur le niveau de dépendance, le besoin d’aide technique, le périmètre de marche ou la durée de complétion d’une distance donnée, le tout renvoyant implicitement à la notion de vitesse. Avec l’avènement de systèmes de capture dédiés à la locomotion, il n’est pas étonnant que la plupart des évaluations se soient en premier lieu penchées sur la vitesse de marche, véritable sixième signe vital pour certains, puis sur quelques autres paramètres spatiotemporels considérés comme fonctionnellement pertinents. Aujourd’hui, les systèmes et logiciels associés offrent une multitude de paramètres, mais les exploiter au mieux nécessite une large connaissance de la marche dite normale, avant même de pouvoir évaluer l’impact des troubles pathologiques. Derrière leur apparente simplicité, se cache toute la complexité de lecture de paramètres qui sont intrinsèquement liés les uns aux autres et dépendent de nombreux facteurs personnels (e.g. âge, sexe) ou environnementaux (e.g. protocole d’enregistrement, algorithmes de calcul). Par exemple, ne prendre en compte que la vitesse de marche pour évaluer les résultats d’un protocole de rééducation n’aura que peu de sens quand la vitesse dépend à la fois de la cadence et de la longueur de pas. Suivre l’évolution de la marche d’un enfant sans considérer la croissance aboutira inévitablement à des interprétations erronées. De même, évaluer uniquement des valeurs moyennes reviendra à occulter une part importante de l’information sur les perturbations et les régulations, visibles au travers de la variabilité. L’analyse fonctionnelle de la marche, un temps appelée analyse simplifiée, joue un rôle clé dans cette démarche. Elle repose principalement sur la mesure directe des appuis au sol (e.g., pistes électroniques) ou sur la mesure indirecte (e.g., centrales inertielles) et permet d’appréhender l’organisation et la régulation motrice qui résultent de l’ensemble des contraintes et des capacités de la personne. Aussi, au-delà de l’examen standardisé de la marche, qui reste un élément central de l’évaluation clinique, nous pourrons également nous interroger sur la mise en œuvre d’une évaluation fonctionnelle dans des conditions plus variées, au plus proche des situations de la vie quotidienne. |